Tuesday, October 2, 2007

Jacques Canut

né à Auch ( Gers ) en 1930, où il a été professeur de Lettres et
d'Histoire pendant 30 ans.

Depuis 1975 il a publié 85 recueils et plaquettes de poésie, humour, textes pour
enfants. Dix de ces ouvrages écrits en langue espagnole ont été publiés en Espagne et
Argentine; trois ont été traduits en Allemand ( dont deux édités par Im Wald ); trois
autres traduits en Portugais du Brésil.

Principaux éditeurs: Saint-Germain-des-Prés, Chambelland, Le Dé Bleu, Traces,
I.H.V., Friches, La Bartavelle, Le Petit Véhicule, Clapas, Alain Benoît, Rocamador
( Espagne ), Im Wald ( Allemagne ), Alicia Gallegos ( Argentine ), Renard ( Brésil ).
Principaux titres: Enfantaisies, Les derniers sapins dans la brume, Aquarêves, Vent
tzigane, Sémaphores, Le Grillon bleu, Voies de garage, Coeur de Province, Lisières,
L'amour aux trousses, Vertes compagnes, Humorêves, Sabliers, Rosier pour Eros ...
Veras, Metas, Finca particular, Encierros, Cosa de alla; de mas alla, Siembras, El espejo
infiel ( en préparation ).

Ouvrages autoédités: L'oiseau pour l'ombre, Poudre d'escampettes, Madame X, et
dans la série " Carnets confidentiels ": Eldorado mirages, Chaumes, Le jongleur épinglé,
L'âme de fond, Arpèges, Le rendez-vous manqué, Copie blanche, Sortilèges, Distances,
Duos-Duels.

Outre de nombreuses revues en Europe, au Canada et surtout en Amérique Latine,
ses poèmes figurent dans des manuels scolaires ainsi que dans plusieurs anthologies dont
" Le livre de tous les jours " ( Gallimard ) et " Fleurs d'encre " ( Hachette ) : Luttes et
luths, La ville, La révolte des poètes, Le rire des poètes, Jouer avec les poètes.



Extraits de DISTANCES

( Carnets confidentiels 9 )

°°°°°
En cavale d'imaginaire, Défier
quelles routes, quels soleils le char d'Apollon :
pour déjouer la nuit ? les touristes foncent
vers l'autel de chimériques..

J'entraîne vers les hautes lumières clairières.
mon ombre
promise à périr. Les migrateurs absorbent l'espace.
..
Le ciel dépouillé La soif rêve à jambes de gazelle;
comme en un western la Croix du Sud jaillit d'un puits
avant que l'action vire à l'orage, qui sans cesse s'éloigne.

tailler des ailes de démesure.


Je m'identifie aux passages d'oiseaux.
Les mêmes cris lacèrent
nos quêtes infinies.

°°°°°°°

Les longs courriers pincent Retrouver la mer qui vient
les fils ténus de si loin, du clin d'oeil mystérieux
des longitudes, emportent d'une escale.
de l'aube au sommeil,
du soir au réveil, Il abandonne l'auto près de la dune
l'espoir de destinations méconnues. qu'il gravit.
Puis disparaît...
Les étoiles s'allument pas à pas.
Happés par la folie
A peine levé, des grands espaces
Soleil vous frappe les hommes ont toujours voulu voyager
en plein voyage. chez d'autres hommes,
prétendu jouir des femmes
qu'ils y ont trouvées.

°°°°°°

L'ombre, Quel appui pour soulever l'univers ?
quel refuge lui donner ? Mains contradictoires :
l'une édifie
Au bout du chemin l'autre renverse.
la mémoire perpétue Au ciel, nul point d'ancrage ;
l'aventure. pas même une île.

Sur le miroir étale de l'océan Rouler dans l'orbe d'autres planètes
le vieux marin perclus de croisières pour des vérités différentes ?
berce de douce amertume
ses souvenirs :
" Je reviendrai, l'automne,
voir flamber les érables ".

°°°°°

Etés à brûle mémoire.
1
A l'heure du perpétuel midi,
coquelicots : cris et poings
pourpres de colère.

Elytres en batterie,
les insectes crépitent
d'alacrités juvéniles.

Sécheresse :
la soif,
le vide en conséquence.

La bouche du seau,
la gueule du puits échangent
d'arides silences.

Faire éclore les semis ?
Incorruptible mirage :
on déroule des tuyaux multicolores,
on avance,
l'espoir dans l'air mouvant
de la prochaine oasis.

Extraits de DUOS / DUELS
( Carnets confidentiels 10 )


°°°°°

Le corps, brasier de l'âme.
L'avide gouffre du désir sous moi...
J''écris comme une soif pour percer
le mystère qui me sépare d'elle.

Plonger dans l'extase.
Donne-moi ta main.

Tu es ma chance
puisque je t'ai créée.

***

Il voyage, fait le vide
entre lui, la peur, l'amour, la mort.

« Je t'appelle d'Argentine.
C'est loin, c'est cher. »

Elle imagine
aux portes des téléphones
les confidences d'une obsédante musique.

Tango.
Nés du remords de l'Europe
les pleurs se mettent à chanter.

***

Une enfance savoureusement oisive.
Devant la cheminée le rêve jongle
de l'allégresse des flammes.

A la poursuite de l'ombre
le petit manège disparaît,
revient, clignote
dans le soir d'hiver.
Il bruit ; il brille comme la mer :
facettes
et fascinant diamant.

***

Le passé porte ombrage.
Créer pour le conjurer ?

Saurais-je écrire
si nul ne l'avait fait avant moi ?

On prend les silhouettes
de vieillards à qui l'on craignait
de ressembler un jour.

Sans originalité
on entre dans les desseins,
les prouesses d'un autre.

Indurain, le « Roi Miguel »
a « raccroché ».
Il courait, il triomphait
pour moi.

Je ne gagnerai plus le « Tour de France ».